C’est sur ces mots du poème de Paul Valery « Le cimetière marin » que la dernière œuvre du grand Hayao Miyazaki commence. J’attendais beaucoup de ce dernier Ghibli, le dernier du maitre, le dernier film de celui qui m’a tant fait m’évader à travers les années avec de grands Ghibli comme Le voyage de Chihiro, Princesse Mononoké et tant d’autres.
Attention, cet article est une réaction à chaud, il est donc rempli de spoilers. J’avais tellement de choses à dire que j’en ai finalement supprimé une bonne partie, l’article pourra vous sembler brouillon, veuillez m’en excuser mais je tenais absolument à vous parler de ce film des aujourd’hui pendant qu’il bouillonne encore dans mon esprit!
Le vent se lève…
Inspiré par le fameux concepteur d’avions Giovanni Caproni, Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote, et il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927.
Son génie l’impose rapidement comme l’un des plus grands ingénieurs du monde.
Le Vent se lève raconte une grande partie de sa vie et dépeint les événements historiques clés qui ont profondément influencé le cours de son existence, dont le séisme de Kanto en 1923, la Grande Dépression, l’épidémie de tuberculose et l’entrée en guerre du Japon.
Jiro connaîtra l’amour avec Nahoko et l’amitié avec son collègue Honjo. Inventeur extraordinaire, il fera entrer l’aviation dans une ère nouvelle.
Nous suivions donc Jiro, enfant rêvant de devenir pilote mais sa myopie (je compatis) rend la chose impossible, il choisira donc de devenir ingénieur aéronautique, qui, à force de passion et de persévérance deviendra le meilleur de son temps.
C’est la première fois qu’un Ghibli s’inspire de fait réel, en effet, Hayao Miyazaki s’est inspiré de l’écrivain Tatsuo Hori, poète et romancier des années 1920 et de Jiro Horikoshi, le concepteur des chasseurs bombardiers japonais Mitsubishi A6M, appelés « Chasseurs Zéro », tout se mélange à merveille et nous plonge dans un Japon ancien qui fait sourire, malgré la trame scénaristique, si vous vous intéressez un temps sois peu à la culture actuelle, mais aussi frissonner, réagir voir même verser une larme.
Une vie d’artiste dure 10 ans.
Entremêlée d’un long rêve continue tout au long de sa vie, il voyagera avec Giovanni Jiro, avec qui il discutera des choses de la vie. J’ai eu du mal à cerner ce rêve, était il bon ? Ou le hantait-il ? L’inspirait-il ? Dans tous les cas, cette partie du film tranchait complètement avec la vie de Jiro. Gaieté, parole sage, ciel bleu et verdure éclatante font parties de ces rêves si ambiguë.
Bien loin d’un Chihiro, ce film n’est absolument pas destiné aux plus jeunes, nous entrons directement dans la vie d’un peuple, sur ses souffrances, ses épreuves et son entrée dans une partie de l’histoire.
Le Japon, en retard de 20 ans.
Loin de la guerre, le vent se lève, c’est aussi une histoire d’amour, poétique et tragique, de deux jeunes gens, d’un simple échange suivis d’un sauvetage lors du terrible séisme du Kantô de 1923, terrible catastrophe naturelle mais un des plus belles scènes du film qui m’aura frissonner en pensant dans un coin de ma tête que tout ceci s’est déroulé autrefois. Jiro est là, assistant malgré lui face au feu dévorant Tokyo. Il perdra la trace de cette jolie jeune fille jusqu’à la retrouver par hasard, des années plus tard.
Mais la maladie s’abat sur Tokyo à ce moment là, la tuberculose, sans pitié n’épargnera pas nos jeunes mariées si attendrissants qu’ils auront réussis à me tirer les larmichettes, Naoko mourra, loin de Jiro alors que celui ci réalisera enfin son rêve.
Ce rêve, reparlons en, loin de mettre en avant la guerre, le film parle d’évolution, d’art, car avant d’être une arme destructrice, c’est la passion qui prime avant tout, la passion de voir une œuvre achevé, et bien que son créateur devait certainement connaitre le dénouement final, il était surement loin d’imaginer les conséquences de ses actes comme le montre la scène des cimetières d’avions qui évoquent aussi celle des milliers de morts japonais. Une scène courte, mais éprouvante.
Pas mal de petits détails ont également leurs importances, je pense que je n’ai jamais vu autant de pause cigarette dans un film d’animation, la scène ou Jiro fume à coté de Naoko, malade pour ne pas lâcher la main de celle ci m’a vraiment surprise, une audace tabagique qui aura fait parler du film du coté des associations anti tabac. Les noms des personnages, la couleur pastel des costumes de Jiro, le voyageur antinazi, tout ces détails ont leurs importances, il y en a tellement dans ce film que je vous laisse en découvrir par vous même.
Le film est remplies de détails en tout genre, magnifiquement bien pensé par Miyazaki, ce qu’il y a dans la tête de cet homme est vraiment incroyable lorsque l’on essais de mettre à plat tout le film que l’on vient de découvrir, d’une complexité jouant entre les frontières du réel et de l’imaginaire. Une belle révérence monsieur Miyazaki.
Coté bande son, avec Joe Hisaishi aux commandes, cela ne pouvait être que très bon, tout s’accorde à la perfection, les thèmes sont superbes et le générique de fin, Hikōki gumo (voir trailer), composée et interprétée en 1973 par Yumi Arai, était vraiment agréable pour conclure ce chef d’œuvre.
Un souffle d’air frais qui aura fait voler mon cœur, comme les chapeaux et les avions en papiers ont pu voler dans ce film.
Le vent se lève, et si nous tentions de vivre ?
Pour la petite histoire, je vous laisse imaginer comment je riais intérieurement lorsque les stupides parents qui avaient emmenés leurs marmots de 3/4 ans découvraient lors des premières paroles de Jiro que ce « dessin animé » était en « chinois »…
4 commentaires
Je l’ai vu hier et j’ai vraiment aimé ce film. Excellent dernier film pour le maître des films d’animations !
J’ai hésité pas mal à me le faire mais je pense que je vais craquer et y aller dans les jours qui viennent. Sauf si il est prévu plus tard dans mon petit ciné.
J’ai personnellement beaucoup aimé le tissage entre le rêve et la réalité, l’ancien et le moderne, entre passé et présent.
Cela reflète beaucoup l’esprit Japonais à mon sens.
Pour la petite histoire, les avions qui ont existé sont remarquablement bien dessinés.
Les avions du rêve ont toute une poèsie et le meilleur exemple est le fameux Mitsubishi Zéro qui à la fin du film passe d’une représentation réaliste à une représentation idéalisée et poétique.
La galaxie d’avions dans le ciel final est un clin d’œil à Porco Rosso….
Vraiment sympa, classe, bô et tout. Un bon moment passé devant la toile et surement d’autres devant le plus petit écran. Par contre c’est pas super joyeux ^^’